Producteur : Recaredo
Vin : Terrers, Brut Nature Gran Reserva
Millésime : 2008
Cépages : Xarel-lo (46%), Macabeu (40%), Parellada (14%)
Origine : Espagne, Catalogne, Cava
Prix : 30,30€ (Finlande, Alko, 06/2015) – environ de 16€ au domaine.
Disponibilité : Alko, disponible en 06/15, référence 503447. Disponible chez les cavistes online comme Vinissimus ou Decantalo.
D’abord, parlons Cava. Qu’est-ce que c’est ? C’est un vin effervescent réalisé selon la même méthode que le Champagne. Les cépages utilisés sont par ordre d’importance en blanc : Macabeu, Xarel-lo, Parellada, Chardonnay et en rouge : Garnacha et Pinot Noir, plus quelques cépages moins répandus… Il y a 244 producteurs de Cava et environ 250 millions de bouteilles produites par an. En comparaison, la Champagne compte 300 maisons et environ 5000 indépendants et met sur le marché un peu plus de 300 millions de bouteilles par an. Le nombre d’indépendants est donc beaucoup plus élevé en Champagne. Ou, pensé autrement, la concentration est plus grande en Cava. Autre différence et non des moindres, le raisin se négocie à des tarifs très différents. Pour l’ordre d’idée, un kilogramme de raisin (il en faut environ 1,2 pour faire une bouteille) en Champagne se situe aux alentours des 8-9€ pour les meilleurs crus. Il se négocie vers 60c en Cava pour les raisins les plus demandés. Vous comprendrez donc aisément qu’à qualité équivalente, le prix d’une bouteille de Cava va être de beaucoup inférieure à celui d’une bouteille de Champagne, avant même de prendre en compte les question de notoriété et de demande.
Recaredo est un domaine à part dans le monde du Cava. Recaredo travaille en biodynamie (à ma connaissance, le seul domaine de la région). Recaredo ne produit que des Brut Nature (id est, sans ajout de sucre au dosage : les vins sont donc totalement secs, alors qu’un Brut est généralement dosé vers 10g/l de sucre). Depuis quelques années, ils ont aussi décidé d’éliminer les cépages internationaux de leurs vins (le Chardonnay d’abord, puis bientôt le Pinot Noir, remplacé par le Grenache et le Mourvèdre. Ils sont indépendants, possèdent une cinquantaine d’hectare dont 23 d’un seul tenant aux nord-ouest de Sant Sadurni d’Anoia. C’est un domaine où la démarche globale tend au maximum qualitatif. Outre des pratiques culturales irréprochables, ils ont recours à des élevages particulièrement longs, souvent supérieurs à 48 mois. Le style des vins est à la fois pur et riche, à noter que la maison produit aussi une gamme de vins tranquilles, sous le nom Celler Credo.
J’ai dégusté plusieurs fois la cuvée dont je vais parler aujourd’hui. Il s’agit de Recaredo, Terres 2008 un nom qui signifie « terroirs ». Terrers est en effet la cuvée de référence du domaine, réalisée à la base d’un assemblage de différentes parcelles du domaine. La cuvée est dégorgée au fur et à mesure des expéditions et la durée sur latte s’allonge donc. Sur la dernière version dégusté, le vin avait été dégorgé en janvier 2015, après 70 mois de vieillissement en bouteille. Ce qui donne 5 ans et presque 10 mois (pour rappel, un millésimé en Champagne doit rester 3 ans sur latte). Je salue d’ailleurs la transparence de la contre-étiquette, dont pourraient s’inspirer de nombreux domaines.
Il y a quelques semaines, j’avais fais un tour sur ce vin, qui se présentait encore assez réduit, fermé. Il y a là un mois de différence, mais surtout, pas la même date de dégorgement. Le lot précédent avait été dégorgé à 68 mois, en novembre 2014. Donc deux mois de moins sur lie. Je ne sais pas si la différence de dégorgement suffit à expliquer la façon dont le vin se présentait mais c’est une composante.
La robe est d’un doré clair. L’effervescence est intense, d’une extrême finesse et dure longtemps. Déjà remarquable. Le nez débute sur une attaque grillée, typique du Macabeu. Puis elle se développe, riche, complexe et florale. Un bouquet de garrigue, fleur sauvages, de jasmin, d’abricot. La bouche est généreuse, on ne sent absolument pas l’absence de dosage. L’aromatique est intense et expressive. Ici, ce sont les fruits, jaunes. L’abricot le dispute à la pêche et toujours un trame grillé. La finale livre les épices douces sur une longueur très impressionnante, très développée. C’est une bouteille magnifique.
La note Wineops : 90/100 ; + 5
Ce vin est l’image de la générosité et de la joie pure. Expressif, évident, infiniment buvable. Un must ! A mon avis, ce vin gagnera encore à vieillir quelques années.