Voici donc un des coups de coeur de l’été, un vin formidable : le Chablis 1er Cru Butteaux 1998 de Raveneau. Vous me direz, pourquoi pas un Grand Cru ? c’est les Grands Crus de Raveneau à maturité ne sont pas faciles à trouver, même dans un restaurant en Finlande (pourtant spécialiste de la chose). Ainsi, il faut donc aller en Finlande pour trouver ce vin, tout comme de nombreuses perles impossibles à goûter en France, ou juste inaccessibles (Echézaux Grand Cru de la DRC ou Clos Saint-Jacques de Armand Rousseau, par exemple).
A ce sujet, je me permets une petite digression (l’habitude des billets « coup de coeur », il semblerait). La Finlande est un pays privilégié si vous voulez découvrir de très grands vins en restauration, souvent à maturité, à des tarifs raisonnables. Les raisons en sont multiples. La première, le niveau des restaurant gastronomique, au sens large, finlandais est particulièrement élevé (tant en cuisine que service et verrerie… je n’en dirai pas autant de la France). Ensuite, la Finlande est un petit marché à fort pouvoir d’achat, sur lequel la plupart des domaines de référence est présent, par souci de développement d’image (donc souvent avec un tarif serré, dû à l’approvisionnement direct – alors que ces vins sont souvent issus du marché gris en France). La restauration y est certes excellente, mais les Finlandais ne sont pas prêts à acheter des vins à un tarif exorbitant, ce qui impose soit des tous petits vins avec un fort coefficient, soit de grands vins « bradés ». M’est d’avis, par exemple, qu’un Clos Rougeard Brézé 2006 à 80€ en restauration est un prix des plus raisonnables.
C’est donc en Finlande que j’ai découvert ce Raveneau Chablis 1er Cru Butteaux 1998. L’anecdote du lieu va plus loin car, chose étrange, l’arôme qui m’a frappé au nez n’est autre que ce rare fruit « lakka », que j’illustre. C’est là quelque chose d’inattendu tant ce fruit est typique de la Finlande.
Son parfum et son goût particuliers ne me sont jamais apparus dans un vin comme dans celui-ci. Le décrire n’est pas aisé. C’est une sorte de mixte entre l’abricot très mûr, le miel, la résine, la groseille (pour l’acidité) et puis quelque chose de l’orange. A ce nez magnifique, vous pourrez ajouter le citron, l’abricot et l’iode. Pour moi, c’est un nez emprunt de minéralité, même si d’aucuns se chagrinent de l’usage de ce qualificatif. En bouche, le vin est droit, pur, minéral. On retrouve les dominantes fruités. C’est magnifique et l’on sent, très nettement, que ce vin n’est qu’à l’aube de sa vie. Quelle bonheur cependant d’avoir pu goûter un vin du domaine Raveneau déjà suffisamment ouvert.
Pourquoi il restera ? Je pense que cette inattendue aromatique finlandaise y est pour beaucoup. Sans doute est-ce une partie de la magie du vin que de savoir capter des arômes inconnus au vigneron même qui l’a accouché. Sans doute est-ce une partie de sa force que d’être à ce point universel !
Wineops’ : 92/100 ; 10 ++