Nuragus di Cagliari DOC, comme son nom l’indique est une appellation italienne de Sardaigne. le Nuragus est l’un des innombrables cépages autochtones italiens, cépage que je n’avais jamais goûté jusqu’alors. Argiolas et Santadi sont deux des plus fameux domaines de Sardaigne. D’autres connus sont Tenute Sella & Mosca ou encore Feudi della Medusa.
D’expérience, je trouve les vins de Argiolas un poil trop techniques et trop lisses. Ils sont très beaux, c’est certain, mais ne mettent pas en valeur ce qu’il y a de sarde dans leurs vins. Argiolas est le type de producteur que je recommanderais sans aucune difficultés à un restaurateur ou à un novice en vin italien car il me semble que leurs vins sont d’un style très universel. Pas de suprise, du fruit bien dense, des arômes clairs et en général des vins qui s’apprécient vite en bien.
Santadi me semble un peu plus ancré dans son terroir, avec des produits un poil plus cher (voire un cheveu ;)). Ils sont en particulier connus pour leurs très beaux Carignans (Carignano del Sulcis DOC) comme Rocca Rubia ou Terre Brune. Leurs vins sont plus difficiles car rarement appréciable jeune. Rocca Rubia 2007 par exemple nécessite au minimum deux heures de carafe pour commencer à se livrer, au cas contraire, on se heurte à un vin acide, tannique et peu aromatique. Même si j’ai plus d’inclination pour leurs vins moins léchés, ce n’est pas un produit que je conseillerais sans réfléchir.
Argiolas et Santadi illustrent deux approches très différentes du vin, d’un côté avec des produits moins typés mais plus accessibles et rarement décevant, de l’autre avec des vins avec plus de personnalité mais mois immédiats. Les deux vins qui nous intéressent sont donc tous les deux des Nuragus di Cagliari 2009 et s’ils ont quelques points communs, notamment un nez grillé, nous avons bien affaire à deux styles aux antipodes l’un de l’autre.
S’elegas est le nom de la cuvée de Argiolas. C’est un vin au profil aromatique frais avec de la poire, une touche florale et beaucoup de fraîcheur, aussi quelques parfums plus amyliques (bonbon). On retrouve aussi un peu de pain grillé et de ces arômes typique du Grenache blanc. Au palais, le vin est moins expressif, mais fait montre d’une belle acidité. La longueur est quelconque : pas particulièrement intéressante. La « déception » face à cette bouteille est son comportement après ouverture. En deux heures, le vin a perdu l’essentiel de son intérêt. Le soir, il ne reste que quelques vestiges aromatiques. Globalement, ce vin me rappelle énormément le Vermentino Costamolino. C’est un vin clairement technique, très bien mais un peu impersonnel.
Ma note : 70/100 ; 0 0
Le vin de Santadi s’appelle Pedraia, également sur 2009. Au contraire du Argiolas, on est là en présence d’un vin de style oxydatif, beaucoup plus lourd et structuré. Le nez est extrêmement beurré et grillé, très proche de certains Grenache gris du Sud de la France. On trouve aussi du miel, de l’acacia et quelque chose des fruits exotiques et de l’abricot sec. C’est plus digeste (peut-être est-ce lié au taux d’alcool de 12,5% au lieu de 13,5%) mais manque un chouia d’acidité. La finale vraiment amère au départ s’arrondit après quelques minutes d’oxygénation. Le vin n’a pratiquement pas bougé le lendemain. A mes yeux, c’est un produit beaucoup plus complet et beaucoup plus typé. Les arômes ne paraissent pas artificiels comme dans le Argiolas. Je pense que c’est une bouteille qui s’affinera un peu dans les deux années qui viennent même si le vin est déjà très bien aujourd’hui.
Ma note : 77/100 ; 0 +
C’est donc haut la main que Pedraia de Santadi remporte ce face à face.