En Finlande, comme vous le savez sans doute, il n’y a pas de salut en dehors d’Alko. Alko est le monopole de vente de vin au détail. Impossible de se procurer du vin ailleurs, ou alors en restaurant et vous devez consommer le vin sur place. Toutefois, il existe un autre moyen de trouver des bouteilles intéressante et bon marché sans aller bien loin. Les lignes de Ferry au départ de Helsinki et Turku en sont un, avec leurs boutiques duty-free bien achalandées et ouverte quelques heures après le départ. La raison de l’existence de ces boutiques sont les dérogations accordées aux îles Ahvenanmaa/Åland, à mi-chemin entre la Finlande et la Suède, et port d’attache de toutes ces compagnies maritimes.
Récemment, j’ai voyagé sur ces deux lignes et je peux donc ici vous rapporter quelques expériences et avis concernant la gastronomie et le vin. En terme de prix, Viking Line est un peu moins cher que Tallink-Silja. En terme de confort et de qualité de service, l’avantage est en revanche à Tallink-Silja : plus moderne, plus propre et plus spacieux. Mais quand on parle de nourriture et de vin, le tableau devient plus subtil.
En terme de restauration, en considérant strictement la nourriture, l’avantage est sensiblement à Tallink-Silja. Pas de loin, mais c’est un peu meilleur et un peu plus cher. Par exemple, le buffet est plus varié pour un niveau de qualité équivalente (par exemple, les tomates-mozzarella sont rigoureusement identiques. Tallink-Silja a généralement aussi de plus beaux espaces communs, comme la salle de restaurant principale.
Mais venons-en au vin. D’abord, dans les restaurants.
Les selection disponible dans les navires TS est très importante et les vins sont bons marché. Cependant, très peu sont réellement qualitatifs. Il y a beaucoup de marques et de vins de masse. Peu de domaines indépendants ou référence. C’est franchement un peu décevant compte tenu du standing des bateaux. Chez VL, c’est une autre histoire ! Malgré le côté très défraîchi de la déco, les restaurants offrent une cartes sinon fantastique, du moins excellente ! Vous trouvez par exemple des Barolo de Pio Cesare, Dom Pérignon (à un prix canon de 94€), Zind-Humbrecht… c’est sans comparaison possible en terme de qualité par rapport à TS. En restaurant donc, avantage à Viking Line, et de beaucoup.
Mais quand on touche au Duty-Free, l’autre point de vente des vins. Le contraste est encore plus saisissant. La selection de TALLINK-SILJA fait honte ! VIKING LINE a peut-être deux fois plus de référence (concentré sur deux fois moins d’espace). Mais en outre, la selection est bien plus intéressante. Chez TS, je n’ai pratiquement rien vu d’achetable. Chez VL, je peux vous citer en vrac, Zind-Humbrecht, Remundo Palacios, Taittinger, Dom Pérignon, Pio Cesare ou encore le Pinot Noir OCIO de Cono Sur… et toute une palanquée de vins intéressants et bien choisis. En dehors des vins bas de gamme, pratiquement toute la selection de Viking Line vaut le coup d’être goûté. C’est dire…
En terme de spiritueux, là encore, pas de comparaison possible. TS n’offre que des produits de second ordre. Des Cognacs d’arrière boutique et quelques Whisky substandards. Au contraire, VL vous propose Hennessy XO, Hine XO (un XO superbe et « bon marché ») ou encore Remy Martin XO, ce qui vous fait trois cognacs de référence… et toute une série de Whisky Single Malt haut de gamme.
Si donc comme moi, vous êtes un amateur de vin et de spiritueux, il n’y a pas à hésiter une seule seconde. Choisissez Viking Line. Souvenez vous cependant que le bateau a besoin de nouvelles moquettes, nouveau mobilier… nouveau un peu tout… mais c’est un meilleur choix. En terme d’achat, rappelez-vous bien qu’un bateau est le pire endroit où stocker du vin, donc privilégiez des millésimes récents. Sinon, comptez sur un vieillissement un peu accéléré des vins. Pour les alcools, aucun problème. A ce propos, je peux vous raconter une histoire. Vers 1710, un écrivain Barrelier de Bitry a remarqué que les vins de Bordeaux (qui étaient un peu durs en jeunesse… je vous laisse imaginer le goût) s’amélioraient très nettement après un voyage en bateau. Ceci conduisit plusieurs Château à envoyer leurs vins en mer, au seul prétexte de les arrondir. A l’heure actuelle, certaines expériences ont montré qu’un passage de 3 à 6 mois en bateau, équivalait un séjour de deux ou trois ans à terre. Un vin qui est donc prévu pour la garde, risque de gagner à avoir été stocké sur un ferry (puisque vous n’aurez pas besoin de l’attendre aussi longtemps), par contre, un vin bon marché risque d’avoir souffert. Sur ce… Santé !